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Pour fabriquer un beau cuir, il faut une belle peau brute. Les ovins capables de fournir une matière première satisfaisant : taille, solidité et choix sont des animaux vivant principalement dans des régions tempérées et sèches dont la laine peu abondante n'épuise pas la substance dermique. Toutes les races à laine noble fournissent des cuirs de qualité secondaire. La société ALRIC s'approvisionne par conséquent uniquement dans le sud de la France pour les agneaux de race LACAUNE et dans l'Est de l'Espagne pour les agneaux de race ENTREFINOS. Les autres races ovines n'étant plus disponibles aujourd'hui que tannées, il n'est pas possible de réaliser un travail de mégisserie adapté à une production ganterie.

La Technique :
On a coutume de dire que les premières opérations de mégisserie (ou travail de rivière) sont déterminantes, le tannage proprement dit n'étant finalement que le fixatif des qualités ou des défauts accumulés dans les travaux précédents. La société ALRIC utilise un procédé traditionnel aujourd'hui pratiquement abandonné car très long et donc financièrement très lourd puisqu'il mobilise une grande partie des marchandises sur un cycle d'environ un mois. C'est cependant le seul procédé qui permet de produire des cuirs souples, prétants et très légers. C'est également le seul procédé assurant les meilleurs résultats territoriaux.

Résumons le en quelques lignes :
Après un trempage de 2 à 3 jours destiné à nettoyer et à remouiller la peau que les modes de conservation (séchage et salage) ont déshydraté, les peaux sont immergées pour environ 8 jours dans un bain de chaux. Ce bain est destiné à provoquer le relâchement de la laine et élimine une partie de la substance ne préservant que les fibres protéiques. Les autres protéines ne font qu'encombrer la substance et alourdissent le produit fini. Les caractéristiques mécaniques (solidité et déchirure) ne sont apportées que par les fibres.

Suivent les opérations mécaniques de délainage et d'écharnage puis le tannage proprement dit. De longues périodes de repos et de mûrissement sont aménagées entre les opérations. Les peaux naturellement assouplies par le travail de rivière ne nécessitent que très peu de produit chimique ce qui explique leur légèreté.

Après tannage, les peaux sont séchées et palissonnées (ouverture mécanique de la structure et assouplissement). Elles constituent alors le stock stratégique de semi-fin de l'entreprise. Ce stock supérieur à 100.000 peaux chez ALRIC est classé et reste immédiatement disponible à être "lancé" en fonction d'une commande client. C'est de cette manière que le procédé d'élaboration le plus long devient en fait le plus court et il devient théoriquement possible de produire un cuir fini en quelques jours. En fait et compte tenu des engagements, un délai d'une quinzaine de jours est réaliste.

Après teinture, une série d'opérations mécaniques tel que dérayage, lissage, repassage règlent l'épaisseur, la brillance et la fermeté du produit fini qui après une dernier classement, est déclaré conforme et expédié chez le client.

Si l'on examine l'ensemble du process, c'est environ 60 à 70 opérations qui permettent l'élaboration d'un cuir. C'est également 60 à 70 occasions de le déprécier. C'est pourquoi la plus grande attention est absolument nécessaire car l'élevage moderne ne fournit pas une très grande proportion de belles peaux et les défauts dus à une agriculture intense sont nombreux.

Une mégisserie sans cette tradition de soins ne peut prétendre à produire les meilleures peaux du monde.